Le pourquoi de La Retraite de Corneille
Plusieurs raisons ont motivé Daniel Benoit à présenter ce projet qui date d’une dizaine d’années et était resté dans les cartons. Tout d’abord, le silence étonnant qui recouvrit le 400ème anniversaire de la naissance de Corneille en 2006, excepté à Rouen bien entendu. Et si l’on se réveilla un tant soit peu en 2007 avec, entre autres, une Illusion Comique dans une mise en scène d’A. Bézu , un Cid aux Nuits de Fourvières et un cycle d’émissions sur France Culture... il faut bien dire que c’est fort peu en regard de toutes les manifestations commémorant le 250ème anniversaire de la naissance de Mozart par exemple... Pauvre Corneille, qu’avait-il donc écrit pour être ainsi mis au rang des ignorés ? Nous n’en chercherons pas ici le pourquoi (fort obscur et de mauvais aloi si l’on en croit certaines rumeurs...), mais nous le déplorerons et, avec deux années de retard et nos faibles moyens, chercherons à pallier ce manque. La deuxième raison est plus personnelle : Daniel Benoit a monté il y a deux ans, dans le cadre de Nancy, ville des Lumières, un joyeux spectacle : Divertissement de Palissot. Pochade sans grande envergure intellectuelle, il aurait été dommage qu’elle soit le dernier spectacle d’un metteur en scène qui avait ambitionné pour sa compagnie et pour lui-même des re-créations d’auteurs aussi injustement oubliés que Mairet, Rotrou ou Scarron. Il était donc bon de pouvoir donner, en testament artistique, une œuvre de qualité et d’une portée intellectuelle, voire métaphysique, indéniable. Spectacle du 22/11 (photo Arno Paul) La troisième raison l’est tout autant : lorsqu’on saura que cette Retraite de Corneille est tout simplement un montage de textes écrits par Corneille ou ses contemporains alors qu’il vient de subir un échec cuisant et qu’il vit retiré de la scène, on ne pourra faire que le rapprochement entre l’auteur et … le metteur en scène. Sauf que dans le premier cas, la retraite fut volontaire et que dans le deuxième, elle ne le fut pas. Mais la dépression fut identique, et l’un comme l’autre usèrent de divers subterfuges pour guérir leur mal. Quant à l’épilogue, il fut heureux pour Corneille qui retrouva le triomphe avec Œdipe. Le concepteur du projet a tout lieu d’espérer la même conclusion... |